Reprenons l'échange entre Socrate et Critias, dans le dialogue du Charmide.
Il apparaît que Critias détient une thèse, c'est-à-dire qu'il affirme quelque chose quant à ce qu'est la sagesse : de ce fait, il prétend détenir la vérité quant à l'essence de la sagesse.
Socrate, déployant sa méthode ironique de questionnement, amène Critias à éprouver lui-même sa thèse, non pas en y opposant des objections (ce qui relèverait du débat et non du dialogue), mais en revenant à la recherche initiale : la quête de la définition de la sagesse. Au terme de l'échange, Critias relève une contradiction, qui révèle que son affirmation première n'était qu'une opinion. Nous comprenons alors que la faiblesse de Critias, ce n'est pas seulement d'être dans l'erreur, mais bien plus fondamentalement de croire qu'il sait, alors qu'il ne sait pas.
De son côté, Socrate n'a aucune thèse à lui opposer : il affirme lui-même son ignorance.
Nous pouvons, en un premier sens, conclure que Critias comme Socrate sont tous les deux ignorants : aucun des deux ne détient la vérité. Mais, à la différence de Critias, du fait même qu'il est conscient de sa propre ignorance, Socrate détient une connaissance dont on peut non seulement dire qu'elle est vraie, mais même qu'elle réalise le sens de l'inscription portée sur le frontispice du temple de Delphes ("Connais-toi toi-même") : il sait qu'il ne sait pas.
Questions :
1. Cela nous permet-il pour autant d'affirmer que l'ignorance est souhaitable ? Pour répondre, veillez bien à différencier deux formes de l'ignorance.
2. L'ignorance qui ne s'ignore pas : est-ce une forme de connaissance ?
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